18
Le cœur assez solide

 

 

— Nos premiers clients, déclara Morik, alors que les deux compagnons étaient perchés sur une crête surplombant le col qui s’ouvrait sur le Valbise.

Deux chariots progressaient sur la piste, en direction de la trouée entre les montagnes, à une allure régulière mais pas effrénée.

— Voyageurs ou marchands ? demanda Wulfgar, peu convaincu.

— Ce sont des marchands, chargés de produits, répondit le voleur. Leur rythme les trahit, tandis que l’absence d’escorte nous incite à les attaquer.

Bien qu’estimant stupide de la part de commerçants de se lancer dans un voyage aussi périlleux sans se faire accompagner de soldats lourdement armés, Wulfgar ne mit pas en doute les mots de son ami. Au cours de sa dernière incursion dans le Valbise, en compagnie de ses anciens amis, ils avaient rencontré un chariot de marchands, seul et vulnérable.

— Tu sembles surpris, dit Morik, qui avait remarqué l’expression du barbare.

— Les idiots me surprennent toujours.

— Ils n’ont pas les moyens de s’offrir des gardes, expliqua le voleur. Comme la plupart de ceux qui font route vers le Valbise. D’ailleurs, les rares qui le peuvent choisissent généralement d’emprunter la passe ouest, plus sûre. Nous avons sous les yeux des marchands sans grande envergure, vois-tu, qui n’ont pas grand-chose pour vivre. Ils comptent essentiellement sur la chance, même s’il leur arrive de s’associer à des guerriers efficaces, qu’ils transportent en échange de leur protection.

— Ça paraît trop facile.

— C’est facile ! s’enthousiasma Morik. Comprends bien qu’en réalité, nous rendons service à ces gens. (Wulfgar restait dubitatif.) Songe un peu que si nous n’avions pas tué les géants, ces marchands auraient vraisemblablement été écrasés par des rochers lancés de plus haut. En plus d’être dépossédés de leurs richesses, ils auraient fini en morceaux, dans une marmite de géant. (Le voleur afficha un grand sourire.) Alors ne te tracasse pas, mon ami, nous n’en voulons qu’à leur argent, un salaire mérité pour le travail que nous avons effectué pour eux.

Curieusement, cette réflexion parut sensée pour Wulfgar. De ce point de vue, le travail qui avait été accompli en compagnie de Morik ne différait guère de celui effectué aux côtés de Drizzt et des autres durant tant d’années, faisant régner la justice dans une contrée sauvage. Au détail près qu’il n’avait jamais réclamé de paiement, ce que Morik avait de toute évidence l’intention de faire dès à présent.

— La meilleure façon d’agir pour nous est de leur montrer notre puissance sans déclencher d’affrontement, dit le voleur. Exigeons une taxe en paiement de nos efforts, quelques vivres et peut-être un peu d’or, puis laissons-les repartir. Cela dit, vu qu’ils ne possèdent que deux chariots et qu’aucune escorte ne semble les accompagner, nous pourrions aussi bien les liquider, ce qui nous ferait une belle prise, sans témoins. (Son sourire disparut quand il vit le barbare froncer les sourcils.) Restons-en à la taxe, alors. Un paiement légitime pour notre travail sur cet itinéraire.

Bien qu’ayant également du mal à accepter ce dernier concept, Wulfgar acquiesça.

 

* * *

 

Il choisit une portion de la piste jonchée de pierres, où les chariots seraient contraints de nettement ralentir pour ne pas risquer de perdre une roue ou un cheval. Wulfgar grimpa dans un arbre isolé, sur la gauche de la route, poste idéal pour lui s’il devait intervenir dans l’attaque, si attaque il y avait.

Morik, quant à lui, était resté à découvert, sur le côté de la piste, quand le convoi se présenta.

— Salutations ! lança-t-il en s’avançant au milieu de la route, les bras tendus.

Il recula légèrement quand il vit le passager installé à côté du cocher le menacer d’une arbalète aux dimensions imposantes. Il lui fallait toutefois prendre garde de ne pas trop bouger car il devait contraindre le véhicule à s’immobiliser à l’endroit convenu.

— Dégage de la route où je te descends ! beugla l’homme armé.

En guise de réponse, Morik se baissa et souleva une immense tête, celle d’un géant abattu, et la brandit devant lui.

— Ce ne serait pas très judicieux, ajouta-t-il. Tant moralement que physiquement.

Le chariot s’arrêta, ce qui força celui qui le suivait à faire de même.

Du pied, et frôlant l’entorse du genou au passage, Morik fit rouler sur la piste une deuxième tête de géant, jusqu’alors dissimulée derrière un rocher.

— J’ai le plaisir de vous informer que la voie est désormais libre.

— Alors laisse-moi passer, répondit le cocher. Sinon, il te descend et moi je roule sur ton cadavre.

Morik eut un petit rire et décala le sac qu’il avait posé à terre, dévoilant ainsi une troisième tête de géant. Il n’eut aucune difficulté à remarquer que, malgré leurs grands airs, les voyageurs étaient sérieusement impressionnés – et terrifiés – par ces têtes. Quelqu’un capable de vaincre trois géants n’était pas à prendre à la légère.

— Mes amis et moi avons travaillé dur toute une semaine pour sécuriser cet itinéraire, expliqua Morik.

— Tes amis ?

— Vous pensez que j’ai agi seul ? dit Morik en riant. Vous me flattez. Non, j’ai reçu l’aide de nombreux amis. (Il balaya des yeux les affleurements rocheux du col, comme pour désigner ses nombreux « amis ».) Veuillez les excuser, ils sont si timides…

— Avancez ! cria quelqu’un, depuis l’intérieur du chariot.

Les deux hommes assis à l’avant se consultèrent du regard.

— Tes amis se cachent comme des voleurs ! cria le cocher. Dégage !

— Des voleurs ? répéta Morik, sur un ton scandalisé. Vous seriez déjà morts, aplatis par un rocher lancé par les géants, si nous n’étions pas intervenus.

La portière du chariot s’ouvrit et un homme, plus âgé, apparut, une jambe encore à l’intérieur et l’autre appuyée sur le marchepied.

— Vous exigez un paiement pour vos actes, dit-il, de toute évidence familiarisé avec cette routine – comme la plupart des commerçants du nord de Faerûn.

— Exiger est un si vilain mot, répondit Morik.

— Aussi vilain que ta façon de procéder, petit voleur, répliqua le marchand.

Morik plissa les yeux et prit un air menaçant, non sans baisser ostensiblement les yeux sur les trois têtes de géant.

— Très bien, concéda le vieil homme. Quel est le prix de ton héroïsme ?

— Il nous faut des provisions ; cela nous permettrait de continuer à surveiller les environs et à assurer la sécurité de ce col, expliqua Morik, se montrant plutôt raisonnable. Ainsi qu’un peu d’or, peut-être, pour récompenser nos efforts. (Ce fut au tour du marchand de se renfrogner, puis Morik enchaîna en improvisant :) Et dédommager les veuves de nos compagnons qui n’ont pas survécu à l’assaut du clan des géants.

— Trois géants ne forment pas un clan, loin de là, rétorqua sèchement le vieil homme. Néanmoins, je veux bien reconnaître tes efforts. Je vous offre, à toi et à tes amis qui se cachent, un bon repas, et si vous êtes d’accord pour nous accompagner jusqu’à Luskan en tant qu’escorte, je vous paie chacun une pièce d’or par jour.

Fier de sa générosité, le marchand était visiblement satisfait d’avoir retourné la situation à son avantage.

Cette maigre proposition fit plisser des yeux le voleur.

— Nous ne souhaitons pas nous rendre à Luskan pour le moment, dit-il.

— Alors contentez-vous de votre repas.

— Idiot, marmonna Morik pour lui-même, avant de poursuivre à haute voix. Nous n’accepterons pas moins de cinquante pièces d’or et assez de nourriture pour fournir trois bons repas à sept hommes.

Le marchand éclata de rire.

— Tu vas surtout accepter que nous ayons la bonté de te laisser partir sans te tuer, dit-il.

Il claqua des doigts et deux hommes bondirent du second chariot, épées dégainées, tandis que le cocher de ce véhicule faisait de même.

— Maintenant, dégage ! ordonna le marchand, qui disparut et regagna sa place. Roulez-lui dessus !

— Idiots ! beugla Morik, criant ainsi le signal destiné à Wulfgar.

Le cocher hésita et cela lui coûta cher. Agrippé à l’extrémité d’une épaisse corde, Wulfgar sauta de sa cachette et se laissa balancer, le long de la paroi rocheuse de gauche, en poussant un hurlement à vous figer le sang. L’homme équipé de l’arbalète se retourna et tira mais il manqua nettement sa cible. Lancé à pleine vitesse, Wulfgar lâcha la corde et écarta ses immenses bras de façon à éjecter simultanément de leur siège le cocher et son voisin. Il les suivit dans leur chute et les écrasa de tout son poids sur le côté opposé de la piste. D’un coup de coude, il assomma le cocher, avant d’inverser le mouvement et de frapper l’homme à l’arbalète en pleine mâchoire, qu’il brisa net puisqu’elle se mit à saigner abondamment.

Les trois voyageurs armés d’épées sortis du second chariot survinrent alors, deux par la gauche du premier véhicule et le troisième par la droite. Une longue et fine épée dans une main et une dague dans l’autre, Morik intercepta ce dernier avant qu’il atteigne Wulfgar.

Cet homme se rua droit sur le voleur, qui, l’épée parallèle à la lame adverse, ne fit que la contourner pour mieux l’écarter avec la dague, avant de contrer avec sa propre épée, qu’il pointa sur la gorge de l’inconnu. Il l’aurait sans aucun doute tué si son bras n’avait pas été arrêté aussi efficacement que s’il avait heurté de la pierre.

— Qu’est-ce que tu fais ? demanda-t-il à Wulfgar quand le barbare se releva et frappa le garde, manquant de peu de se faire couper une oreille par l’épée et la dague encore en action.

L’homme à terre leva sa main libre pour se protéger mais un violent coup de Wulfgar écrasa cette défense ; son poing et l’avant-bras du garde le percutèrent en plein visage et l’envoyèrent un peu plus loin, victoire hélas de courte durée.

Bien que sonné par le coup de coude reçu, le cocher se releva, épée en main. Pis encore, ses deux autres alliés avaient pris de solides positions, l’un sur le siège avant et l’autre devant le chariot. Comme si cela ne suffisait pas, le marchand surgit de son véhicule, une baguette en main.

— C’est nous les idiots, maintenant ! cria Morik à Wulfgar, tout en jurant et en esquivant l’attaque de l’homme posté sur la banquette du cocher.

Dès la première botte, agressive, de ce dernier, Morik devina qu’il n’avait pas affaire à un novice en matière de combat.

Quant à Wulfgar, alors, qu’il se dirigeait vers le marchand, il fut soudain renvoyé en arrière et dans les airs, les cheveux étirés de tous côtés et le cœur battant à tout rompre.

— C’est donc ainsi qu’agit cette baguette, laissa tomber Morik après l’éclair provoqué par cette intervention. Je hais les magiciens.

Il se jeta sur l’homme à terre, qui repoussa sa première tentative d’en finir avec lui d’une parade circulaire qui fit presque perdre son équilibre au voleur.

— Ne reste pas là ! cria ce dernier à Wulfgar, avant de se baisser et donner une série de coups d’épée frénétiques vers le haut, tandis que l’ennemi juché sur le siège du chariot sautait sur l’un des chevaux et le frappait à la tête.

Quand le cocher et l’homme qu’il venait de frapper se ruèrent sur lui, Wulfgar se hâta de détacher son marteau de son dos. Alors qu’il s’apprêtait à affronter la charge du premier d’entre eux, il changea d’avis ; il inversa sa prise et lança son arme en direction du marchand, n’ayant aucune envie de subir une nouvelle décharge.

Le marteau atteignit sa cible en plein dans le mille, qui n’était pas le magicien lui-même mais la porte du chariot, qui fut ainsi claquée contre le bras tendu du vieil homme, alors sur le point de lâcher un nouvel éclair. Néanmoins, une déflagration crépitante se produisit bel et bien et ne manqua que de très peu le garde qui se précipitait sur Wulfgar.

— Tout le monde à l’attaque ! s’écria Morik, le regard tourné vers un escarpement rocheux situé sur sa gauche.

Ce bluff fit un instant tourner la tête de ses adversaires, qui, quand ils reportèrent leur attention sur le voleur, le virent déjà s’enfuir en courant, et Morik courait très vite quand sa vie était en jeu.

Le cocher s’avança avec hésitation, calmé par la force de Wulfgar, mais l’autre se lança à l’assaut, jusqu’au moment où le barbare se tourna d’un bond dans sa direction et poussa un hurlement tonitruant. Le géant se retourna aussitôt et revint vers le cocher, qu’il surprit par son agilité. Il accepta de subir une estafilade sur le bras pour agripper la main de son vis-à-vis, qu’il tira sèchement vers lui, tout en se baissant et en attrapant la ceinture de sa victime pour la soulever de terre. Après s’être retourné, il projeta le malheureux sur son compagnon, qui s’était de nouveau élancé vers lui.

Wulfgar s’interrompit une seconde et vit que Morik avait pris ses jambes à son cou, un choix plutôt judicieux, au vu de la tournure que prenait l’affrontement, mais il était fou de rage ; il se retourna vers les deux gardes armés d’épées… juste à temps pour être frappé par un nouvel éclair. Grâce à ses longues jambes, Wulfgar dépassa Morik au bout d’à peine cinquante mètres d’ascension de la pente rocheuse.

Une nouvelle décharge frôla les deux compères et fendit quelques pierres. Un carreau d’arbalète survint peu après, accompagné de quelques railleries et menaces, toutefois leurs adversaires ne les prirent pas en chasse, ce qui permit aux deux apprentis bandits de s’enfuir dans les hauteurs. Quand ils osèrent s’arrêter et reprendre leur souffle, Wulfgar baissa les yeux sur les deux déchirures de sa tunique et secoua la tête.

— Nous l’aurions emporté si, comme convenu, tu t’en étais directement pris au marchand après avoir éjecté le cocher et son acolyte, le réprimanda Morik.

— Et tu aurais tranché la gorge de ce type ! gronda le barbare.

— Et alors ? Si tu n’as pas le cœur assez solide pour cette vie, pourquoi sommes-nous ici ?

— Parce que tu as choisi de traiter avec des assassins à Luskan, rappela Wulfgar.

Les deux hommes se défièrent du regard et Morik porta la main à sa lame, se demandant si le barbare allait l’agresser, ce qu’envisageait précisément ce dernier.

Ils regagnèrent la grotte chacun de son côté. Morik y parvint le premier et y entra, puis Wulfgar changea d’avis et décida de rester dehors, près d’un petit torrent voisin où il soignerait mieux ses blessures. Il se rendit compte que son torse n’était pas si sévèrement touché : seuls les poils avaient roussi du fait d’un léger éclair. D’un autre côté, sa blessure à l’épaule s’était réouverte de façon préoccupante. Ce n’est que lorsqu’il ôta sa tunique qu’il saisit pleinement combien de sang il avait perdu.

Morik le retrouva en cet endroit plusieurs heures plus tard, endormi comme une masse sur un rocher plat, et le réveilla d’une secousse.

— Nous n’avons pas été brillants mais nous sommes en vie, fit-il remarquer en brandissant deux bouteilles. Ça mérite d’être fêté.

— Est-ce bien nécessaire ? répondit Wulfgar, sans un sourire et en tournant le dos au voleur.

— Les premières attaques sont toujours calamiteuses, expliqua Morik, qui se voulait raisonnable. Il faut qu’on s’habitue au style de combat de l’autre, tout simplement.

Wulfgar médita sur ces paroles à la lumière de sa propre expérience, notamment du premier combat qu’il avait livré aux côtés de Drizzt. Il était vrai qu’il avait en cette occasion failli frapper de plein fouet le drow d’un coup bas de Crocs de l’égide ; cependant il y avait eu dès le départ une certaine symbiose avec Drizzt, un élan commun du cœur qui les avait poussés à combattre ensemble. Pouvait-il en dire autant de Morik ? Cela se produirait-il jamais ?

Wulfgar considéra le voleur, qui souriait, les bouteilles d’alcool fort en main. Oui, il parviendrait à s’entendre avec Morik. Ils deviendraient aussi unis que l’âme et le cœur. Peut-être était-ce d’ailleurs cela, plus qu’autre chose, qui perturbait Wulfgar.

— Le passé n’existe plus et l’avenir pas encore, déclara Morik. Alors vis dans le présent et profites-en, mon ami. Profite de chaque instant.

Wulfgar prit le temps de réfléchir à cette idée, devise que l’on retrouvait chez quantité de ces pauvres hères qui vivaient au jour le jour dans les rues. Il s’empara de la bouteille.

L'Épine Dorsale du Monde
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